Les MDA : catalyseurs du Faire ensemble sur un territoire pour faire sens
> Thème des 57èmes Rencontres Nationales à la Réunion en mai 2023
La catalyse territoriale, un terme intrigant ...
Le mardi 23 mai, à la MDA de Saint-Benoît
Élodie JULLIEN, directrice de la recherche au Rameau
Léa BOUAROUA, chargée de mission au RNMA
Comment les pratiques de catalyse se mettent en œuvre dans le cadre de l’accompagnement de la vie associative
Parmi la prolifération de travaux du Rameau, un outil est particulièrement adapté à l’analyse réflexive des pratiques territoriales de catalyse, celui qui détaille les 4 fonctions, les 4 modalités d'action de la catalyse.
Objectifs :
Mieux connaître et comprendre la catalyse territoriale
Comprendre, spécifier et documenter les pratiques de catalyse dans le cadre de l'accompagnement de la vie associative
Introduction - Cadrage sur la fonction de catalyse
Le Rameau est une structure associative dont l'ADN est fondé sur "Les alliances" : les alliances multi-acteurs, en s'interrogeant par exemple sur comment fait-on travailler des associations, des acteurs publiques, des acteurs académiques, des entreprises ensemble.
Les défis auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés sont tellement complexes que travailler en silos n'est plus possible. En 2008, les travaux de recherche du Rameau les ont amené à voir que Faire alliance, ça ne se différencie pas sur des domaines d'actions, le critère de différenciation c'est le territoire. On constate en effet qu'on ne fait pas alliance de la même façon quand on est à Marseille, à la Réunion ou à Brest, parce que l'histoire du territoire, ses besoins, ses priorités et ses écosystèmes sont différents.
Un programme a été lancé sur ce constat, qui a amené le Rameau à rencontrer de nombreux acteurs associatifs. économiques, publiques qui, à l'époque de 2008, faisaient des choses sans savoir le nommer. Ce n'était pas de l'ingénierie publique, ni de la gestion de projet, le principe était simplement de mettre autour de la table des acteurs qui ne se connaissent pas, de créer du lien à partir des besoins du territoire, et ça créait de la confiance. On a appelé ça la catalyse.
Aujourd'hui, il est clair que des Maisons des associations sont dans ces pratiques là, et l'enjeu du Rameau, en tant que Laboratoire de recherche, est de clarifier et préciser ce que veut dire "catalyse territoriale", car ce sont des pratiques indispensables pour créer de la confiance sur les territoires et faire émerger des projets. Néanmoins, on constate que ce sont des pratiques qui sont invisibles. Faire du lien, créer du lien, être en bilatéral, ça ne se voit pas et pourtant c'est nécessaire, et malheureusement si ça ne se voit pas, naturellement on pense que ça n'a pas de valeur, et si ça n'a pas de valeur, ce n'est pas financer. L'enjeu du Rameau, avec d'autres acteurs comme le RNMA, est de qualifier précisément ce que ça veut dire, de pouvoir analyser, montrer et valoriser économiquement ce processus et ce que ça produit, pour que les acteurs qui en font puissent être dans un modèle économique pérenne.
L'objectif ici et de pouvoir présenter synthétiquement une définition de la catalyse territoriale, afin de permettre ensuite à chaque acteur d'identifier ses pratiques au quotidien.
Définition de la catalyse territoriale
La "catalyse territoriale" permet de mettre en action une pluralité d'acteurs locaux autour de défis communs à tous. C'est leur permettre, au travers l'interconnaissance, une mobilisation collective pour répondre aux besoins de leur territoire. La catalyse territoriale accompagne l'émergence de coopérations entre différents écosystèmes (associatif, public, entreprenarial, universitaire, médiatique, ainsi que les citoyens), sur un même territoire :
On accompagne l'émergence de coopérations dans le but de répondre collectivement aux défis communs : les défis communs c'est "comment répondre aux besoins du territoire". On ne part pas d'un projet, on ne part pas d'une solution qui existe pour mobiliser des acteurs autour de cette solution, mais c'est mettre autour de la table des acteurs différents, parce qu'on a identifié sur son territoire des priorités, des besoins (ex : des ODD, des fragilités, des défis, des transitions...)
La finalité de la catalyse est de pouvoir créer, organiser des liens. On parle souvent d'ingénierie du lien, ingénierie de la relation, c'est comment on favorise l'interconnaissance entre des acteurs qui a priori ne se connaissent pas, ça peut être en bilatéral, ou à travers des événements. C'est finalement de créer sur son territoire des conditions de confiance, parce qu'on a créer de l'interconnaissance, qu'on est capable de parler à tout type d'acteurs, de comprendre leurs enjeux, c'est ce qui donne le terreau d'une confiance multi-acteurs. In fine, la catalyse va susciter des synergies et permettre d'accompagner des coopérations.
L'une des caractéristiques de cette pratique de catalyse est que le catalyseur, l'acteur qui met en œuvre la catalyse, est en articulation d'une diversité d'écosystèmes. Dans un certain nombre de terminologies, on parle de maillon, c'est celui ou celle qui va être en intersection de ces différents acteurs, on parle aussi de ciment, c'est comment on arrive à faire en sorte que ces différents écosystèmes puissent se connecter, se parlent et travaillent ensemble, on parle encore d'interstice. On n'est donc pas un porteur de projets, on ne se substitue pas à un porteur de projet, par contre il s'agit de faire en sorte que, pour un projet donné, ses engrenages puissent s'articuler.
Traduction opérationnelle
D'un point de vue opérationnel, comment ça peut se traduire ?
Les acteurs qui pratiquent de la catalyse peuvent mettre en œuvre une diversité de modalités d'action, il peut y en avoir 4 et elles peuvent être cumulatives, cela dépend des acteurs :
créer et organiser un dialogue territorial : comment on partage ce qu'on connaît de son territoire, de ses écosystèmes. Il peut s'agir de temps de rencontres, des temps d'interconnaissance, mais aussi de sensibilisation et de mise en relation, c'est comment on crée des connexions entre des acteurs qui ne se connaissent pas, mais qui ont des enjeux qui peuvent être partagés, et faire en sorte que demain ils pourront agir ensemble.
impulser des expérimentations collectives : le catalyseur part du besoin du territoire, il va le partager avec un certains nombres d'acteurs (publics, privés, associatifs ...), il va mobiliser, copiloter et suivre l'état d'avancement des expérimentations, finalement être le garant de l'expérimentation et faire que le projet pourra aboutir sans directement le piloter et le manager.
être dans l'accompagnement : cette modalité d'action est bien connue des MDA, accompagner les coopérations, l'une des actions communes entre le Rameau et le RNMA dans le passé était des formations aux partenariats, par exemple. Ici le catalyseur peut accompagner les coopérations, accompagner les acteurs dans le faire alliance.
assurer la gestion d'un lieu : là aussi bien connue des MDA, les Maisons sont des lieux, ça peut être des lieux d'échanges conviviaux, des espaces de coworking, ou des showroom, etc ... tous ces lieux de croisements et de rencontres entre différents acteurs.
Donc le catalyseur peut à la fois assurer la gestion de lieux et faire de l'animation, faire en sorte que le dialogue territorial, les expérimentations et l'accompagnement puissent se mettre en œuvre.
Dans ces modalités d'action, certains acteurs qui portent la catalyse peuvent ne faire que du dialogue territorial, d'autres ne font que de la gestion de lieux associé à de l'accompagnement, par exemple, ou il y a d'autres acteurs qui se positionnent différemment sur l'une de ces 4 modalités d'action ou sur les 4 ensemble.